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Axël, laissant tomber les chaînes

Sara, je ne suis plus solitaire.

Un morne silence.
Sara, sans relever la tête

Ainsi, tu me laisses vivre ?

Axël l’enlace de son bras désarmé et la conduit vers le prie-Dieu d’ébène aux coussins de velours violet.
Axël, avec un sourire triomphant et un peu d’emphase juvénile

Quel serait, parmi les rois, l’insensé qui, de toutes ces astrales pierreries, n’incendierait pas la nuit de tes cheveux ! — À toi seule, à toi, cet amoncellement radieux, ces splendeurs que tu as ressuscitées !… Laisse-moi contempler, seulement, ta pâleur mortelle. — Je veux m’asseoir à tes pieds et souffrir, à mon tour, du mal des humains. — Aimer, c’est cela, sans doute ! N’est-ce pas… Sara ?

Elle s’est assise : des rayons, à travers le vitrail, font étinceler la noire soierie de ses vêtements.
Sara

Ô jeune homme charmant, qui, malgré l’immo-