Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/268

Cette page a été validée par deux contributeurs.

femme, saurais résister au Dieu qui te saisit — jusqu’à lui préférer la destruction de ton propre ciel… Elle tressaille.

Axël, arrachant une lourde chaîne de fer à l’un des tombeaux

Je jure… que je vais fermer tes yeux de paradis !

Sara, souriante

Oh ! l’instant sublime !… Eh bien ! non ! Il est trop tard. Tu aurais dû frapper sans me laisser entrevoir ton âme aux flamboiements de ces mots surhumains !

Le comte d’Auërsperg fait siffler et tournoyer, autour de lui, les chaînes, en s’avançant, effroyable, vers Sara.
Sara, évitant, d’un élan svelte, le choc terrible, et lui jetant les bras à l’entour du cou

Non. Voici des chaînes plus lourdes — et… tu es bien mon prisonnier, cette fois. Essaye donc de te délivrer ! — Ah ! tu vois ? Tu ne peux plus : c’est impossible.

Elle se suspend languissamment, la tête renversée et le regardant, avec des yeux de lumière entre ses cils ; ses cheveux se dénouent, roulent et l’enve-