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les intervalles des tombes. Puis, elle descend les dernières marches, entre, referme la porte sur elle et assujettit la barre des battants.
Elle marche vers la porte de droite et pousse également, dans les écrous des murs, les verrous de fer.
Cela fait, elle pose le flambeau sur un socle funèbre, puis se dirige vers la massive muraille du fond de l’obituaire.
Là, s’étant détournée encore une fois vers l’ensemble de la salle et le séculaire silence des statues, elle demeure pensive quelques instants, puis regarde fixement les étranges armoiries sur la muraille.
Bientôt, posant le pied sur l’exhaussement d’une dalle, elle s’approche de l’Écusson, qu’elle semble contempler avec une attention mystérieuse.
Enfin, joignant les mains sur le pommeau de son poignard, elle paraît rassembler toute sa juvénile force, et appuie la pointe de la lame entre les yeux de l’héraldique Tête de mort.
Sara

Macte animo ! ultima…

Soudain toute l’épaisseur du pan de mur, se scindant en une large ouverture voûtée, glisse et s’abîme, lentement, sous terre, au-devant de Sara, laissant entrevoir de sombres galeries, aux spacieux arceaux, qui s’étendent au plus profond du souterrain.
Et voici que, du sommet de la fissure cintrée de l’ouverture, — à mesure que celle-ci s’élargit plus béante, — s’échappe, d’abord, une scintillante averse de pierreries, une bruissante pluie de diamants et, l’instant d’après, un écroulement de gemmes de