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— Sœur Laudation, allumez les cierges.

L’autel s’illumine peu à peu durant la fin de la scène.

Maintenant, ma sœur et ma fille, je vous l’ai dit : — vous êtes une riche de ce monde. Ici l’on entre en se dépouillant de tout orgueil et de toute richesse. Nous sommes pauvres ; mais ce que nous avons, nous le donnons, la pauvreté ne s’ennoblissant que par la charité. On vous a légué châteaux, palais, forêts et plaines. Voici le parchemin dans lequel vous faites abandon de tous vos biens à la communauté. Voici une plume. Signez.

Sara décroise les bras, prend la plume et signe impassiblement.

Bien. C’est cela même.

Elle regarde Sara qui est rentrée dans son immobilité.

Merci. À elle-même en se dirigeant vers l’Archidiacre : Que Dieu me voie — et me juge !

Arrivée auprès du vieux prêtre, elle lui touche l’épaule et, inclinée, chuchote quelques paroles.
L’Archidiacre, se levant et à voix basse

Le jeûne, le cachot et le silence font de la lumière en ces âmes orgueilleuses : il fallait cela !