Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.

épiés, écoutés. — Je vous ai donc adressé les guides qui vous ont amenés à mon seuil en moins de six journées. — Vous avez parlé, tout à l’heure, d’un « piquet de policiers », dépêchés vers ce donjon, pour s’y saisir de ma personne ?… Qu’en resterait-il, bientôt, sous les ramées, à mon bon plaisir, — si, au contraire, je ne les faisais guider, à leur tour, jusqu’à mon pont-levis — abaissé, devant eux, au nom du roi ? — Tenez ! ils entreraient, — et d’un air de commandement, sans doute ! — dans la cour militaire de ce château… — Alors, sans même déranger un seul de mes serviteurs…

Il marche vers une croisée, l’ouvre — et, d’un coup de son sifflet de chasse, perce les bruits de l’averse et de l’ombre.
D’horribles aboiements, mêlés d’un fracas de chaînes, retentissent ; on distingue de nombreux chocs de masses lourdes se ruant contre une porte massive.


… oui, j’ai là, vous entendez ? une trentaine de dogues d’Ulm, de la grande race fauve, des chiens de guerre. Cette meute féroce, n’obéissant qu’à moi, m’est utile pour les chasses de nuit : elle bat, sans cesse, mes alentours, en Forêt. En peu d’instants, elle ne laisserait, de vos hommes, sur l’herbe et le pavé, que des os sanglants. — Certes, je saurais déplorer, très haut, cet événement, — d’une si imprévue soudaineté… que je me serais vu