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Le Commandeur

Va, toutes sont d’une charité souveraine ; seulement, elles ont leurs pauvres. C’est là ce qu’on nomme la vertu, dans le monde. — Quant à leurs sentiments… (Il respire longuement une touffe de fleurs de forêts placée entre ses différents verres) — qu’importe que ces fleurs, au si voluptueux parfum, soient d’un cœur grave ou frivole ?

Axël

Vous ne revenez pas à ce pâté de faisans, mon cousin ?

Le Commandeur, acceptant

Austère tueur de loups, je vous dirai que, d’ordinaire, le pâté me semble le plus lourd des métaux, mais que celui-ci, conçu par une tête inspirée, justifie l’imprudence où je m’aventure ! Un silence. — Et vous, Axël ? Je vous trouve peu mangeur et… soucieux !

Axël

Je songe que l’averse a dû creuser des fondrières, sur la route. — Ukko, tu détacheras deux des molosses, pour battre les hautes herbes devant nous. Tu selleras les chevaux vers dix heures, avec la lanterne sourde aux arçons. Je monterai Wunder.