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chambre, et les deux premiers guides m’y attendent… j’y puis être vers les onze heures et demie, ce soir. Ainsi serai-je reposé pour les six premières lieues d’étape. Demain, donc, dès l’aurore, à cheval ! Et, sous quelques jours, hors de Forêt ! Et… en chaise de poste jusqu’à Berlin ! Là, mes débris de fortune une fois réalisés, si je m’y prends avec prudence… pourquoi ne pas tenter, seul et en secret, la conquête de cette fantastique Toison d’Or ?.. Ô surprenante révélation !.. Si c’était vrai, pourtant !

Des pas sonnent dans le vestibule.


Plus bas, un doigt sur les lèvres :

Silence.

Paraît, au fond de la salle, Axël d’Auërsperg. — Il semble âgé de vingt-trois à vingt-quatre ans. Il est d’une très haute taille et d’une admirable beauté virile. L’élégance musculeuse et les proportions de sa personne annoncent une puissante force corporelle. Son visage, d’une pâleur presque radieuse, ressortant sous de longs et ondulés cheveux bruns, est d’une expression mystérieuse à force d’être pensive.
Il est vêtu d’un costume de cuir noir, aux boutons d’acier. Il porte un bonnet de loutre, à plume d’aigle. Carabine à l’épaule, hache à la ceinture.
Il demeure un moment immobile, au seuil de la salle.