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LII


Bientôt elle entendit une chanson lointaine :
C’était un cavalier qui passait dans la plaine ;
Il semblait retourner au manoir féodal
Qui se dressait, là-bas, sous la lune brillante.
Le cavalier mêlait sa voix insouciante
Au bruit des pas de son cheval.


LIII


Son nom était Don Juan. Il courait sous les branches ;
Sur sa toque, au hasard, flottaient ses plumes blanches ;
Son visage semblait d’un tout jeune homme encor ;
Sur l’arçon, il tenait sa main droite campée ;
Son manteau, relevé par le bout d’une épée,
Laissait voir ses éperons d’or.


LIV


Dès qu’il l’eut aperçue, il dit : « Vous êtes belle,
» Vous qui vous tenez là ! » — « N’est-ce pas ? » lui dit-elle.