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J’aime les chants lointains de leur voix fugitive !
Ils passent, un moment, sur le vent qui s’enfuit,
Imprégnés des parfums de la plage plaintive,
Puis... ils s’éteignent dans la nuit.
 
Car elle vient, la nuit mélancolique et sombre,
Avec tout son silence et toutes ses beautés :
Le ciel s’est diapré de ses fleurs d’or sans nombre
Dont la mer baigne les clartés ;

Et l’écume d’argent des vagues solitaires
Ondule aux profondeurs de l’immense horizon,
Et berce notre esquif, dont les courbes légères
Semblent être d’un alcyon.

Ineffable moment d’extase et d’harmonie,
Où l’âme humaine espère une immortalité,