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nocturne, attendant, en silence, des messieurs qui allaient venir.

— Enfin, s’écria, tout à coup, Georgette larmoyante, veux-tu me dire, oui ou non, ce qui t’a pris contre moi ? Pourquoi me fais-tu cette peine — dont je sais bien que tu dois souffrir, aussi ?

— Oh ! tu peux garder ton Enguerrand, — je veux dire M. de Testevuyde ! — répondit Félicienne d’un ton sec ; vrai, je n’y tenais plus. Seulement tu pouvais choisir mieux, — ou me prévenir qu’il te plaisait. J’eusse avisé. L’on n’enlève pas un amant de cœur à une amie !… Je ne sache pas avoir essayé de t’enlever Melchior.

— Moi ! s’exclama Georgette avec ses yeux de gazelle surprise ; moi, je t’ai enlevé… et c’est là le motif…

— Ne nie pas ! murmura dédaigneusement Félicienne, — je sais. Je suis sûre, tiens… des quatre premières nuits que tu lui as accordées.