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suis ici parce que je sais ce que je veux et ce que je fais, et qu’ayant un but fixe, je sais me conformer au meilleur moyen de l’atteindre vite et d’un pas infaillible. Je suis au bagne parce que, — chacun ayant ses petites faiblesses, — j’ai soif de considération vraie ! officielle ! cotée !

» Certes il est d’autres façons de l’obtenir, mais j’ai dû choisir la plus brève et la plus sûre. — Oui, parce que j’ai soif du pouvoir en un mot ? — Vos prunelles se dilatent ? Voyons ! un peu de calme : rappelez-vous, et comparez. Socialement, qui étais-je, hier ? J’étais maître Pied, ancien notaire, trente mille francs de rente. Certes, c’était fort bien déjà ; mon nom m’ouvrait toutes les portes ; il est bref, terre à terre, témoigne d’une race prudente et ne porte ombrage à personne ; il est donc bien évident qu’aujourd’hui ce nom, — mis en relief par un acte d’importance, — pouvait me conduire à tout.

» Mais quel acte accomplir ? C’était là le