Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tané. Croyez-moi, goûtez-y. Nous prendrons le café après. Il est excellent ! c’est de cette fausse-chicorée premier choix dont la vente annuelle, rien qu’à Paris, s’élève, d’après les totaux officiels, à dix-huit millions de francs. Ne nous refusez pas. C’est de bon cœur, et sans cérémonie.

M. C**, dont la curiosité, malgré lui, s’éveillait à ces accents juvéniles, détourna diplomatiquement la conversation pour éviter avec le plus de politesse possible de répondre à l’offre cordiale de ses hôtes.

— Un petit héritage, dites-vous ?… reprit-il avec un air d’intérêt sympathique : — en effet, vous êtes vêtus de deuil, chers enfants !

— Oui : nous portons celui de notre pauvre oncle Polémon ! gémit Chloë, en essuyant une invisible larme.

— Polémon ? dit M. C** cherchant dans ses souvenirs : — ah oui ! celui qui, pareil à Silène, était bon buveur de clairet, dans le temps des légendes ?