ble avoir je ne sais quelle peur obscure et instinctive de son corps sans pareil !
Une fois, à Paris, il s’est passé ce fait extraordinaire. Doutant de mes yeux, doutant de ma raison, l’idée sacrilège ! ― folle, je l’avoue ! ― me prit d’une confrontation de cette morne vivante, avec la grande pierre, qui est, vous dis-je, son image, avec la Vénus Vitrix. Oui, je voulus savoir ce que cette accablante femme répondrait à cette présence. Un jour donc, en plaisantant, je la conduisis au Louvre, en lui disant : « Ma chère Alicia, je vais vous causer, je pense, une surprise. » Nous traversâmes les salles, et je la mis brusquement en présence du marbre éternel.
Miss Alicia releva son voile, cette fois. Elle regarda la statue avec un certain étonnement ; puis, stupéfaite, elle s’écria naïvement :
― Tiens, moi !
L’instant d’après, elle ajouta :
― Oui, mais moi, j’ai mes bras, et j’ai l’air plus distingué.
Puis elle eut comme un frisson : sa main, qui avait quitté mon bras pour s’appuyer à la balustrade, le reprit, et elle me dit tout bas :
― Ces pierres… ces murs… Il fait froid, ici. Allons-nous-en.
Une fois au dehors, comme elle était demeurée silencieuse, j’avais je ne sais quel espoir d’une parole inouïe.
En effet, je ne fus point déçu ! ― Miss Alicia, qui suivait sa pensée, se serra tout contre moi, puis me dit :