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Pour conclure, du moment où la sensibilité occulte de Sowana n’est point réfractaire à l’action secrète du fluide électrique, ― à telle légère secousse, par exemple, donnée, ici-bas, à mistress Anderson, ― alors que, dans l’état cataleptique, aucune autre influence du dehors ne parvient jusqu’à elle et qu’on pourrait brûler vive la seconde sans réveiller la première, ― je trouve démontré que le fluide nerveux n’est pas dans un état d’indifférence totale à l’égard du fluide électrique et que, par conséquent, à tel ou tel degré, quelques-unes de leurs propriétés peuvent se fusionner en une synthèse d’une nature et d’un pouvoir inconnus. Celui qui, ayant découvert ce fluide nouveau, pourrait en disposer comme des deux autres, serait capable d’opérer des prodiges à confondre ceux des yoghis de l’Inde, des bonzes thibétains, des fakirs-charmeurs du Coromandel et des derviches de l’Égypte centrale.

Lord Ewald répondit, après un moment de songerie singulière :

― Bien qu’il soit de toute intellectuelle convenance que je ne voie jamais mistress Anderson, Sowana me semble mériter d’être une amie, ― et, si, en toute cette magie environnante, elle peut m’entendre, ― que ce vœu lui parvienne, qu’elle soit !… Mais, une dernière question : est-ce que les paroles que Hadaly, tout à l’heure, a prononcées dans votre parc, furent dites et « déclamées » par miss Alicia Clary ?

― Certes, répondit Edison, ― puisque vous avez reconnaître la voix et les mouvements de cette vivante : celle-ci ne les a si merveilleusement ré-