Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/377

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tamment, d’un précis caractère de religiosité, — en des hallucinations toujours sacrées ? fût-il le fidèle d’un culte différent de celui dont il éprouvera les mystiques visions ? Si je tiens, par hasard, un chlorure, ― du chlorure d’or, ― voici que ce voisinage le brûle jusqu’à lui arracher des cris de souffrance ? ― Où sont les conducteurs de ces phénomènes ? Et, devant ces incontestables faits, qui pénètrent la Science expérimentale d’une si légitime stupéfaction, pourquoi ne supposerais-je pas la possibilité d’un fluide-nouveau, mixte, synthèse de l’électrique et du nerveux, tenant, à la fois, de celui qui fait mouvoir, vers le pôle nord, la pointe de toute aiguille aimantée et de celui qui fascine l’oiseau placé sous le battement d’ailes de l’épervier ?

Si, dans l’état de sursensibilité hystérique, une affinité-inductrice peut, ainsi, relier l’organisme du malade aux propriétés-intimes de ces substances et attirer leur vibrante influence à travers les pores du verre et du parchemin, ― comme l’aimant impressionne, à travers le verre et les étoffes, les molécules de fer, ― s’il est indiscutable enfin, qu’une sorte d’obscur magnétisme se dégage même des choses végétales et minérales et peut franchir, ― sans inducteurs, ― obstacles et distances jusqu’à impressionner de leur vertu spéciale un être vivant, comment pourrais-je être surpris, outre mesure, qu’entre trois individus d’espèce congénère, mis en relation par un centre commun électro-magnétisé, les fluides, en un certain instant, soient devenus corrélatifs au point que le phénomène en question se soit produit ?