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nerveux n’est pas moins évidente que celle du fluide électrique.

Eh bien ! je ne sais comment l’idée me vint de recourir, ― en vue du seul soulagement que cette infortunée en pourrait ressentir, ― à l’action magnétique ! Je prétendais combattre, par elle, ce mal d’invincible torpeur corporelle. Je me renseignai sur les plus sûres méthodes : puis, j’essayai, non sans quelque patience et persistai, tout simplement, presque chaque jour, pendant deux mois environ. Soudainement, voici que, d’abord, les phénomènes connus s’étant produits les uns après les autres, d’autres phénomènes, ― encore troubles, à l’estime de la Science, mais qui, demain, cesseront de le paraître, ― des crises de voyance-mentale, absolument énigmatiques, ― se manifestèrent au plus profond de ces longs évanouissements.

Alors, mistress Any Anderson devint mon secret. Grâce à l’état de torpeur vibrante, suraiguë, où se trouvait notre malade, ― cette aptitude, qui m’est, d’ailleurs, naturelle, à la projection de ma volonté, se développa, vite, jusqu’au degré le plus intense, peut-être, ― car je me sens, aujourd’hui, la faculté d’émettre, à distance, une somme d’influx nerveux suffisante pour exercer une domination presque sans limites sur certaines natures, et ceci en fort peu, non de jours, mais d’heures. ― J’en vins donc à établir un courant si subtil entre cette rare dormeuse et moi, qu’ayant pénétré d’une accumulation de fluide-magnétique le métal congénère, et fondu par moi, de deux bagues de fer ― (n’est-ce point du magisme pur ?), ― il