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lument et qui êtes plus que moi ! Eaux vives, dont les pleurs ruissellent sur cette écume de neige, en clartés plus pures que les lueurs de mes larmes sur mon visage ! Et vous, cieux d’Espérance, — hélas ! si je pouvais vivre ! Si je possédais la vie ! Oh ! que c’est beau de vivre ! Heureux ceux qui palpitent ! Ô Lumière, te voir ! Murmures d’extase, vous entendre ! Amour, s’abîmer en tes joies ! Oh ! respirer, seulement une fois, pendant leur sommeil, ces jeunes roses si belles ! Sentir seulement passer ce vent de la nuit dans mes cheveux !… Pouvoir, seulement, mourir !

Hadaly se tordait les bras sous les étoiles.


XI

Idylle nocturne


Ora, llora,
De palabra
Nace razon ;
Da luz et son.
O ven ! ama !
Eires alma,
Soy corazon !

Victor HugoLa chanson de Dea.


Soudain elle se tourna vers lord Ewald :

― Adieu ! reprit-elle. Rejoins donc tes semblables et parle-leur de moi comme « de la chose du monde la plus curieuse ! » Tu auras tout à fait raison, ce qui est bien peu de chose.

Tu perds tout ce que je perds. Essaie de m’oublier ; va ! c’est impossible. Celui qui a regardé une Andréïde comme tu me regardes a tué la