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elles vous sembleront brusques et automatiques. C’est la chair, encore une fois, et, aussi les vêtements, qui adoucissent tout cela.

L’Andréïde, une fois le pied posé à terre, resterait donc immobile en cette situation, si le fait même de la tension du genou ne repoussait en dehors, d’environ trois centimètres au-dessus de l’os fémoral, la tige de la rondelle d’or sur laquelle est demeuré le globe de cristal. La rondelle, exhaussée de la sorte, et n’étant plus maintenue d’aplomb sur son centre par les bords du col du fémur, fait légèrement bascule, ― en s’élevant, et à cause de sa forme inclinée ― vers la rondelle gauche. Le globe tombe donc sur la coulisse d’acier, y glisse vers cette rondelle, et son poids, multiplié par la chute imperceptible, l’inclinaison et la vitesse, va frapper la rondelle d’or du fémur gauche et s’y installer.

À peine celle-ci a-t-elle fléchi à son tour, sous le poids du sphéroïde, que l’isolateur de droite s’interpose et que, ses aimants cessant d’être impressionnés par le courant, le moyeu de la bielle de droite, plus pesant que les deux brisures, cède et retombe, de lui-même, en angle aigu, dans son cachot d’argent, pendant que la bielle de gauche, se tendant à son tour et amenant, avec une insensible douceur, sur sa jambe, le poids du torse, reproduit le phénomène du pas de l’Andréïde ― et ainsi de suite, à l’indéfini, jusqu’au nombre de pas inscrit sur le Cylindre, ou jusqu’à la sollicitation d’une bague.

Il faut remarquer que l’isolation de l’un des genoux n’a lieu qu’après la tension du genou opposé, sans quoi la jambe isolée fléchirait trop vite. Ce qui