que l’autre, subitement devenu blême (à ce que lui apprit, en riant, miss Evelyn), avait quitté la partie sans explication.
Miss Evelyn, lorsque le nègre vint annoncer le cab d’Anderson, s’invita doucement, demandant, chose assez légitime, qu’on daignât la reconduire jusqu’à sa maison.
Il peut quelquefois sembler dur, ― à moins de n’être qu’un malotru fieffé, ― d’être brutal avec une jolie fille, ― alors surtout que l’on vient de plaisanter deux heures avec elle et qu’elle a proprement joué sa scène de bienséance.
« D’ailleurs cela ne signifiait rien : il la laisserait à ce portail et ce serait fini. »
Tous deux s’en allèrent donc ensemble.
L’air froid, l’ombre, le silence des rues augmentèrent la petite griserie d’Anderson jusqu’au malaise et à la somnolence. En sorte qu’il se retrouva (rêvait-il ?) buvant une brûlante tasse de thé, que lui offrait, chez elle, et de ses blanches mains, miss Evelyn Habal, ― maintenant en peignoir de satin rose, devant un bon feu, dans une chambre tiède, parfumée et capiteuse.
Comment cela s’était-il produit ? Revenu pleinement à lui-même, il se contenta de saisir, à la hâte, son chapeau, sans plus ample informé. Ce que voyant, miss Evelyn lui déclara que, le croyant plus indisposé qu’il n’était, elle avait renvoyé la voiture.
Il répondit qu’il en trouverait une autre.
Miss Evelyn, à cette parole, baissa sa jolie tête pâlissante et deux larmes discrètes luirent entre ses cils. Flatté, quand même, Anderson voulut