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sonnaient sous les lampes dont les puissantes lueurs jouaient sur son armure.

À trois pas d’Edison et de lord Ewald, l’apparition s’arrêta ; puis, d’une voix délicieusement grave :

― Eh bien, mon cher Edison, me voici ! dit-elle.

Lord Ewald, ne sachant que penser de ce qu’il voyait, la regardait en silence.

― L’heure est venue de vivre, si vous voulez, miss Hadaly, répondit Edison.

― Oh ! je ne tiens pas à vivre ! murmura doucement la voix à travers le voile étouffant.

― Ce jeune homme vient de l’accepter pour toi ! ― continua l’électricien en jetant dans un récepteur la carte photographique de miss Alicia.

― Qu’il en soit donc selon sa volonté ! dit, après un instant et après un léger salut vers lord Ewald, Hadaly.

Edison, à ce mot, le regarda ; puis, réglant de l’ongle un interrupteur, envoya s’enflammer une forte éponge de magnésium à l’autre bout du laboratoire.

Un puissant pinceau de lumière éblouissante partit, dirigé par un réflecteur et se répercuta sur un objectif disposé en face de la carte photographique de miss Alicia Clary. Au-dessous de cette carte, un autre réflecteur multipliait sur elle la réfraction de ses pénétrants rayons.

Un carré de verre se teinta, presque instantanément, à son centre, dans l’objectif ; puis le verre sortit de lui-même de sa rainure et entra dans une manière de cellule métallique, trouée de deux jours circulaires.