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l’accueillante courtoisie de laquelle j’avais compté, n’était autre que la Mort.

Je considérai mes hôtes.

Certes, pour échapper aux soucis de l’existence tracassière, la plupart de ceux qui occupaient la salle avaient assassiné leurs corps, espérant, ainsi, un peu plus de bien-être.

Comme j’écoutais le bruit des robinets de cuivre scellés à la muraille et destinés à l’arrosage quotidien de ces restes mortels, j’entendis le roulement d’un fiacre. Il s’arrêtait devant l’établissement. Je fis la réflexion que mes gens d’affaires attendaient. Je me retournai pour profiter de la bonne fortune.

Le fiacre venait, en effet, de dégorger, au seuil de l’édifice, des collégiens en goguette qui avaient besoin de voir la mort pour y croire.

J’avisai la voiture déserte et je dis au cocher :

— Passage de l’Opéra !

Quelque temps après, aux boulevards, le temps me sembla plus couvert, faute d’horizon. Les arbustes, végétations squelettes, avaient l’air, du bout de leurs branchettes noires, d’indiquer vaguement les piétons aux gens de police ensommeillés encore.

La voiture se hâtait.

Les passants, à travers la vitre, me donnaient l’idée de l’eau qui coule.

Une fois à destination, je sautai sur le trottoir et m’engageai dans le passage encombré de figures soucieuses.

À son extrémité, j’aperçus, tout justement vis-à-vis