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PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES DES FLUIDES MOTEURS.

à fournir d’énergie qu’aux molécules envisagées individuellement, indépendamment les unes des autres.

Le résultat n’est pas toutefois aussi simple que l’on pourrait l’espérer, à cause de la diversité des paramètres énergétiques des molécules.

Le schéma simple de l’essaim de points matériels possédant seulement de l’énergie cinétique de translation ne semble réalisé, avec une bonne approximation (à des températures pas trop élevées), que dans le cas particulier des gaz monoatomiques tels que l’argon. C’est un cas exceptionnel, auquel correspondra une certaine valeur de la chaleur spécifique moléculaire[1] à volume constant

Si nous considérons des molécules diatomiques, elles ne sauraient plus être assimilées à des points matériels, mais tout au plus à des petits bâtonnets dont les deux atomes occuperaient les deux extrémités. Outre leur énergie cinétique de translation, qui intervient seule dans la manifestation mécanique qu’est la pression, elles devront donc acquérir, dans les chocs, de l’énergie cinétique de rotation, à tout le moins autour des axes perpendiculaires au bâtonnet schématique. En moyenne, ces deux formes d’énergie cinétique doivent, selon toute probabilité, croître simultanément ; nous ne nous étonnerons donc pas de trouver des valeurs plus élevées pour les chaleurs spécifiques moléculaires.

Une molécule comportant plus de deux atomes ne sera plus, en général, linéaire et son énergie cinétique de rotation ne sera plus réductible à deux termes : elle en comportera trois, ce qui permet d’attendre une nouvelle augmentation de la chaleur spécifique.

Mais il peut y avoir encore dans les molécules polyatomiques, d’autres termes d’énergie interne, correspondant à d’autres degrés de liberté. En effet, on constate que, à des températures suffisamment élevées, ces molécules se dissocient ; il y a rupture des liens qui retenaient ensemble les atomes constitutifs. Cela prouve que ces atomes avaient, à l’intérieur de la molécule, de l’énergie cinétique de vibration, croissante avec la température : la dissociation apparaît lorsque cette énergie cinétique devient assez grande pour vaincre les

  1. Ce sont les chaleurs spécifiques moléculaires qui sont intéressantes, car la molécule-gramme de n’importe quel gaz contient le même nombre de projectiles moléculaires dont l’énergie cinétique moyenne de translation est déterminée, quelle que soit leur nature, par la température.