Page:Villey - Le rendement des moteurs thermiques, 1936.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
J. VILLEY.

mécanisme, qui se poursuit de proche en proche. Ce mécanisme même d’entraînement mutuel exige qu’il subsiste un gradient transversal de la vitesse d’entraînement des couches successives. Le processus de dissipation thermique de travail est alors localisé dans tout le domaine de ce gradient de vitesse : supposons établi par exemple un mouvement permanent ; la couche entraînée à la vitesse échange des molécules avec les deux couches contiguës dont les vitesses d’entraînement sont et Considérons globalement un nombre très élevé de molécules arrivant, d’un côté, sous toutes les obliquités possibles, et le même nombre arrivant de l’autre côté. Elles apportent, outre leur énergie thermique, une quantité d’énergie cinétique orientée égale au total à


et n’en conservent, dans la couche de vitesse qu’une quantité égale à le reste s’est donc décoordonné.

Dans le cas où le fluide est un liquide, le mécanisme de la dissipation par viscosité se complique par l’intervention, entre les couches contiguës, de forces s’exerçant directement entre les molécules, qui sont en contact mutuel permanent. Il s’apparente ainsi partiellement au mécanisme des frottements solides. .

L’autre processus possible de frottement d’un solide sur un fluide est le frottement indirect par turbulence, où le travail dépensé se transforme d’abord en énergie cinétique (au sens mécanique du mot) imprimée au fluide dans des mouvements turbulents ; celle-ci se décoordonne ensuite progressivement : les filets, en se rencontrant, se dispersent de plus en plus, et la décoordination s’achève, jusqu’à devenir totale, par un mécanisme final qui est le même que celui du frottement direct par viscosité.

Les frottements directs par viscosité dans les gaz n’ont pas d’importance industrielle parce qu’ils ne sont susceptibles d’absorber que de très faibles puissances. Il n’en est pas de même dans le cas des liquides : Par l’intervention des lubrifiants, tous les frottements des machines sont, non pas des frottements solides comme on pourrait le croire à première vue, mais des frottements par viscosité dans la pellicule d’huile qui sépare les deux pièces solides ; on évite ainsi les