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ÉLÉMENTS DE THERMODYNAMIQUE CINÉTIQUE.

gène de l’énergie cinétique moyenne. On peut songer à mettre à profit ce phénomène spontané, et nous y reviendrons tout à l’heure ; mais pour l’instant nous examinerons d’abord les cas où il n’intervient pas, c’est-à-dire les évolutions d’un système dont la température reste uniforme.

Là encore, des considérations de probabilité vont nous fournir des indications importantes.

La chute d’un poids, qui perd son énergie cinétique en tombant sur une feuille de plomb, et qui provoque une légère augmentation de température de tout l’ensemble, nous montre une transformation spontanée d’énergie cinétique (ou de travail mécanique) en chaleur ; et cela paraît très naturel puisque c’est une simple décoordination de cette énergie cinétique, qui se répartit entre les molécules. énergie cinétique

Par contre y a-t-il la moindre chance que l’énergie cinétique décoordonnée de millions de molécules vienne à s’orienter spontanément dans une portion notable de matière pour donner à celle-ci une quantité appréciable d’énergie cinétique dirigée, à l’échelle de grandeur des phénomènes mécaniques ? Évidemment la probabilité d’un tel phénomène, s’il n’intervient pas quelque dispositif capable ienter les mouvements moléculaires pour provoquer une circulation systématique, est tellement intime qu’il serait déraisonnable d’en faire état. Nous dirons alors que, sauf à réserver, si on le juge utile, l’hypothèse exceptionnelle où interviendrait un mécanisme spécial capable de canaliser les mouvements des molécules, on ne peut pas escompter la transformation spontanée de chaleur en travail dans un système à température uniforme, du moins si la modification de ce système se réduit à une diminution de son énergie cinétique moléculaire, sans aucun autre changement de son état.

Cette dernière réserve est d’ailleurs essentielle. Considérons par exemple une masse de gaz comprimé qu’on laisse se détendre dans un cylindre thermiquement isolant : elle fournit du travail mécanique sur le piston qu’elle pousse, et ce travail est emprunté à l’énergie cinétique perdue par ses molécules lorsqu’elles rebondissent sur une paroi solide qui cède devant elles. Il n’y a là rien qui puisse heurter les considérations de probabilité que nous avons invoquées. Ce phénomène n’a d’ailleurs rien d’intéressant au point de vue du problème qui nous occupe, c’est-à-dire l’obtention de travail mécanique : Il faut en effet accepter qu’une provision d’air comprimé sè transforme en