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J. VILLEY.

vitesse très élevée (300 000km par seconde). Ce rayonnement emporté l’équivalent de la chaleur, c’est-à-dire de l’énergie cinétique moléculaire, perdue par le corps qui rayonne. Inversement, ce rayonnement peut être absorbé par un corps matériel : il y provoque alors une augmentation de l’énergie cinétique moléculaire, que l’on peut exprimer en disant que ce corps reçoit de la chaleur créée par le rayonnement.

Si un corps est placé à l’intérieur d’une enceinte fermée à même température que lui, il y a, lorsque le régime d’équilibre est atteint, compensation exacte entre les quantités de chaleur qu’il émet et qu’il reçoit par rayonnement. Au contraire, si deux corps matériels à des températures différentes peuvent échanger leurs rayonnements, il n’y a pas compensation, et l’on constate au total un transport de chaleur du corps le plus chaud au corps le moins chaud.



CHAPITRE III.

LE PRINCIPE DE L’ÉQUIVALENCE ET L’ÉNERGIE INTERNE.


11. Chaleur et travail. Transformations mutuelles. — On peut élever la température d’un morceau de plomb en le mettant en contact avec un autre corps à température plus élevée que la sienne ; c’est-à-dire en lui fournissant de la chaleur. On peut obtenir aussi le même résultat, en le martelant, c’est-à-dire en lui cédant l’énergie cinétique d’un marteau qui vient le frapper : celle-ci est elle-même l’équivalent du travail fourni par la force qui a mis le marteau en mouvement. L’énergie mécanique qui a disparu dans les chocs a donc produit dans le plomb le même résultat qu’un apport de chaleur ; c’est ce que l’on exprime de façon elliptique, en disant que cette énergie mécanique a été transformée en chaleur, ou plus simplement encore, que le travail a été transformé en chaleur.

Dans la conception cinétique ce résultat n’a rien qui puisse surprendre ; tout au contraire, il n’est rien autre qu’une extension du principe de la conservation de l’énergie mécanique : l’énergie cinétique du marteau n’a pas disparu ; elle a seulement changé d’échelle de répartition, et s’est distribuée entre les molécules du morceau de plomb, dont elle a augmenté d’autant l’agitation.