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J. VILLEY.

récipient augmente : l’énergie cinétique plus grande des molécules qui rebondissent sur les parois, donne une force résultante plus grande sur chaque élément de surface.

Dans un solide, l’énergie cinétique des molécules n’est pas suffisante pour les libérer des forces élastiques ; mais, si nous élevons la température, nous arriverons à la liquéfaction, lorsque l’énergie cinétique moyenne deviendra assez grande pour vaincre l’action des forces d’orientation mutuelle des molécules.

De même, dans un liquide, l’évaporation correspond à la fuite de certaines molécules, dont l’énergie cinétique se trouvait orientée vers l’extérieur et suffisante pour vaincre les résultantes attractives de la couche superficielle. Les molécules qui peuvent s’échapper ainsi sont toujours celles qui se trouvaient avoir une vitesse plus grande que les autres, donc leur départ abaisse la vitesse moyenne et par conséquent l’énergie cinétique moyenne. C’est bien d’accord avec le refroidissement que subit le liquide par son évaporation, et avec la nécessité de le mettre en contact avec un foyer si l’on veut réaliser une vaporisation à température constante.

Cette conception, qui identifie la température à l’énergie cinétique moyenne des molécules, c’est-à-dire à une grandeur mesurable et additive, permet de la considérer elle-même comme mesurable et additive ; on pourra alors parler d’une température double d’une autre, tandis que la simple notion expérimentale classique de température en faisait seulement une grandeur repérable. Nous préciserons au Chapitre IV, dans l’étude des gaz parfaits, une définition quantitative de la température répondant à cette conception nouvelle.


10. Échanges de chaleur, et quantités de chaleur. — Dans un vase recouvert de protections isolantes et contenant de l’eau chaude, plongeons un récipient métallique à parois minces contenant de l’eau froide : l’eau chaude se refroidit et l’eau froide s’échauffe. On dit que de la chaleur passe de l’eau chaude à l’eau froide, à travers la paroi du récipient. Cela signifie, dans la conception cinétique de la température, qu’une partie de l’énergie cinétique des molécules d’eau chaude passe aux molécules d’eau froide ; les chocs des unes et des autres avec les molécules de la paroi métallique fournissent le mécanisme de ce transfert d’énergie cinétique.

Ce transport de chaleur se poursuit jusqu’à ce que les tempéra-