Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à leur partie haute qui représente une face à gros yeux obliques rouges ou blancs et à mâchoire armée de dents ogresques. Au-dessous des caractères chinois. Ils indiquent les routes et sont appelés Chang ou Jong-sung. Ils reçoivent aussi le nom de Syoug-sal-mak. Les uns disent qu’ils protègent contre les mauvais esprits ; d’autres, que ce sont des portraits d’anciens généraux coréens (peu flattés certes ! ) ; d’autres, qu’ils perpétuent le souvenir d’un Cenci coréen dont tous les ans, à l’automne, ou brûle le mannequin comme les gamins anglais flambent Guy Fawkes.

Quant aux tombeaux, les uns portent une simple dalle pour les sacrifices que l’on y fait encore, mais rarement ; les autres sont surmontés d’un poteau de pierre, au dos couvert de billettes en ronde bosse, de bizarres reliefs, de rinceaux fragmentés, et au sommet façonné en tête humaine coiffée d’un objet qui rappelle le bonnet de nos juges ou certains moules à pâtisserie.

À mesure que l’on approche de Séoul, la campagne est plus peuplée et mieux cultivée. Le Han-yang y enclôt une île. On arrive au bras principal après un véritable Sahara large de 2 kilomètres qui atteste un débit infiniment supérieur dans des temps peut-être récents. Au moment où j’arrivais, la débâcle roulait dans la rivière et entassait sur les berges d’énormes glaçons épais de 1 mètre qui m’ont donné à penser qu’il avait fait plus froid là qu’à Weï-haï-weï.

Toute une foule était massée sur le bord de l’eau.