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buée exhalée des fonds humides, au lieu de découper le relief majestueusement triste des croupes des vallées, des arêtes, des sommets et dés sursauts rocheux, moirait de taches claires ou sombres les masses onduleuses de grandes forêts. Tout cela est désert, ou du moins n’est hanté que par de rares paysans qui viennent y fauciller avec un croissant à long manche, les herbes et les broussailles que le sein admirablement fécond de leur terre ne se lasse pas de produire pour eux, malgré toutes les précautions qu’ils prennent pour le stériliser. Ils ne cultivent que les vallées ; heureusement il y en a beaucoup.

La configuration des parties planes, entourées de courbures, plus ou moins ouvertes, de montagnes, semble indiquer un assèchement graduel d’anciens bassins lacustres dont il reste encore beaucoup de témoins, sous forme de mares et de petits étangs. La terre y est noire, tandis que sur les pentes elle est d’un rouge violent ou d’un jaune orangé superbe. Le Coréen commence à cultiver là où la terre noire apparaît. Il dispose avec intelligence une série de terrasses, dont la pente calculée amène l’eau captée en haut, jusqu’à une coupure qui la conduit à l’étage inférieur, et ainsi de suite jusqu’au plus bas niveau. Presque tout le long de la route, sauf aux cols, on marche entre deux bandes de rizières. Seulement, tandis qu’au Japon tout était déjà vert et qu’on ameublissait les champs pour le repiquage, ici on ne voyait sortir de l’eau que les durs bouquets des éteules de la moisson dernière. Et que de terrain perdu