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décréter le suffrage universel et de partager le pouvoir législatif entre deux Chambres, d’origine différentes : l’une issue de l’hérédité, du choix de l’Empereur et de la cooptation, l’autre de l’élection.

Il eût été souverainement imprudent d’acclimater dans ce milieu la responsabilité ministérielle, telle que nous la pratiquons en France. Les clans Satzouma, Chochiou, Toza, Hizen, auraient bouleversé le pays en renouvelant leurs anciennes luttes intestines à l’abri du gouvernement des partis.

Pour obvier à ce danger, le comte Ito, l’un des auteurs de la révolution de décembre 1867, et le plus habile homme d’État du Japon, avait fait édicter, dans la Constitution de 1889, son œuvre, que les ministres seraient choisis par l’Empereur, responsables uniquement devant lui, et exerceraient le pouvoir tant que l’Empereur leur maintiendrait sa confiance. Le cabinet avait le pouvoir de proposer la dissolution de la Chambre Basse, que l’Empereur seul pouvait prononcer.

Mais les Japonais prirent au pied de la lettre la souveraineté nationale, et entrèrent immédiatement en lutte, dans la Chambre Basse, pour mettre le ministère sous la dépendance de cette assemblée et revenir aux luttes de clans qui leur étaient de chères et imprescriptibles habitudes, en y ajoutant les compétitions des partis politiques qui s’étaient immédiatement formés, à l’imitation de l’Europe.

Du mois de novembre 1890, date de sa première session, au mois de juillet 1894, la Chambre Basse