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en perte de 220 000 yen (environ 572 000 francs) ; que le cas de disette ou de nécessité n’existait pas, et que à tort, avis de la prohibition ne leur avait pas été donné un mois à l’avance.

Le ministre de la Chine, conseiller très écouté de Li-Hsi, l’encouragea à résister ; celui-ci finit par répondre aux instances de plus en plus pressantes de Tokyo, qu’il était hors d’état de payer plus de 60 000 yen de dommages-intérêts. Ce fut un telle au Japon. Les chauvins (Jingo) et les radicaux (Jiju-to) attaquèrent le ministère avec la dernière âpreté. Celui-ci les satisfit en dépêchant un des leurs comme Envoyé Extraordinaire à Séoul.

Cet agent, d’ailleurs parfaitement nommé, réussit à extorquer 128 000 yen, mais se conduisit avec tant d’insolence qu’il fallut le rappeler à Tokyo où la population lui fit un accueil enthousiaste.

Il était évident que l’influence chinoise restait puissante dans le royaume péninsulaire. Le comte Ito et ses collègues sentaient ne pouvoir y procurer leurs fins qu’en n’y cherchant pas presque ouvertement une domination exclusive. Ils voyaient que toute tentative pour effrayer ou humilier Li-Hsi le rapprochait de Pékin et fortifiait un lien de suzeraineté qui semblait n’avoir jamais été plus réel et plus solide que depuis sa quasi-rupture.

Mais le chauvinisme affolait toutes les cervelles sur ces questions, et les Samouraïs, comme tous les mécontents créés par la révolution de Meïdji, usaient volontiers de cette arme contre le ministère qu’ils