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§ I. — Droits du Japon sur la Corée.


Le Japon, en effet, fonde ses droits à intervenir dans les affaires de la Corée sur l’histoire et sur ses intérêts actuels.

Historiquement, il allègue qu’au iiie siècle avant l’ère chrétienne, l’impératrice régente Jingo ou Dzingou conduisit une expédition en Corée et soumit ce pays.

Aujourd’hui encore, dans le temple de Amatérasou, à Kobé, on montre un fragment du casque de Dzingou. (Je l’ai vu.) Depuis ce temps jusqu’à la fin du xive siècle, des ambassades de tribut furent envoyées régulièrement tous les ans de Fousan à la cour du Mikado ou du Chogoun.

Mais, à partir de 1392, quand la Chine eut aidé la dynastie de Ni-Taï-Djo ou de Han à s’installer sur le trône de Corée, les relations avec le Japon s’espacèrent, et à partir de 1460, cessèrent complètement. Pour ressaisir la position, le Chogoun Yedeyochi, après une assemblée solennelle (plaid), tenue à Mijadjima, île près de Hirochima, où la salle qu’il fit construire existe encore, conduisit une expédition qui ravagea la Corée de bout en bout pendant six ans (1592-1598), et laissa dans ce pays une rancune ineffaçable contre les Japonais.

Les Chinois les repoussèrent en 1598, et les relations cessèrent de nouveau pendant vingt ans entre la Corée et le Japon.