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cimen très opportunément fourni des procédés par lesquels ils se rendent nécessaires dans un pays qu’ils veulent garder, bien que l’honneur leur fasse une loi de l’évacuer. On remarquera que les révoltés n’ont pas inquiété un seul ni des soldats, ni des coolies, ni des mercantis du corps d’occupation de Weï-haï-weï.

Si le Japon refuse de laisser la Corée à elle-même sous la tutelle de tous les représentants de toutes les Puissances, constitués en une sorte de commission danubienne, s’il s’oppose par les armes à des concessions faites aux Russes avec l’appui de la France, laquelle n’y trouverait que des avantages, je crois avoir déjà vu dans les rues de Séoul quelle sera la fin du rêve mégalomane des sujets du Mikado :

Un Coréen sortait un jour devant moi d’une boutique nauséeuse, mangeant des yeux un long ruban de viande qu’il balançait au bout de ses doigts. Évidemment, il ne restait plus au monde d’autre estomac que le sien. Mais une pyrargue (ces rapaces pullulent en Corée et au Japon) tomba du ciel comme une pierre, glissa d’un plongeon bref entre nous deux,… et je ris encore en revoyant, de souvenir, mon gros Coréen un pied en l’air, un bras écarté, les yeux écarquillés,… et la main vide.