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puisque le Japon n’est cher à cette dernière que dans la mesure où il la sert en écartant la Russie des ports toujours ouverts du Grand Océan.

Le soin de transformer la Corée, peu à peu, sans secousses, pourrait être confié à toutes les grandes Puissances. Elles procureraient ainsi un bien que le Japon a péremptoirement démontré n’être pas en état de produire, et feraient disparaître, avec le seul motif qu’il puisse invoquer diplomatiquement pour justifier son attitude dans la péninsule depuis deux ans, le plus grave danger qui menace en Extrême-Orient la paix du monde.

Le corps diplomatique à Séoul constituerait autour du roi de Corée le conseil de famille que forment les ambassadeurs à Constantinople auprès du Sultan, et même, au besoin, une sorte de commission danubienne, où les intérêts japonais pourraient être pris en considération au même titre que ceux de la France, de la Russie et de l’Angleterre.

Les Japonais répandent en vain le bruit que le départ de leurs garnisons du « Pays du Matin Calme » serait suivi d’une révolution sanglante, parce que le pays veut revenir au gouvernement des Mins et autres coteries. La ficelle est usée. Les Anglais ont trop tiré dessus pour faire jaillir des Mahdis d’un Soudan à surprises et transformer la vallée du Nil en colonie britannique. Il est aujourd’hui hors de toute contestation que les Nippons ont été les plus dangereux perturbateurs du « Pays du Matin Calme ». Le récent soulèvement antichrétien du Chantong est un spé-