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grandes routes. Seules, elles peuvent empêcher que de dangereuses intrigues ne déchaînent à nouveau une guerre où l’Angleterre saurait bien s’adjuger la part du lion, en saisissant ou Formose, ou les îles Chu-san à l’embouchure du Yang-tse-kiang, ou Quelpaert ou Port-Hamilton, ou au besoin Tsouchima, où elle a déjà demandé à transporter sa concession de Kobé, quitte à offrir aux Russes l’île de Yezo, qui les brouillerait éternellement avec le Japon.

Les Japonais que j’ai entendus parler légèrement, et comme d’une tâche proportionnée à leurs forces, d’une guerre contre la Russie seule, au moment de l’affronter soutenue par nous, malgré les bouillonnements d’une fureur d’autant plus douloureuse qu’il faudrait bien la contenir, écouteraient probablement plutôt les conseils de la prudence, comme en mai 1895, que les suggestions de leurs journaux trop influencés par les chaleurs des latitudes méridionales. Leur gouvernement serait sans doute renversé et ses membres assassinés par les fameux « soshi « sur lesquels il ne peut arriver à exercer un contrôle efficace. Une ère de guerres civiles recommencerait peut-être, et mettrait pour quelques lustres cette nation embarrassante hors de cause.

Sans tirer l’épée donc, la France et la Russie peuvent magnifiquement compléter leur œuvre d’équilibre et de paix en rendant la Corée à elle-même. Nous y avons, nous, le plus pressant intérêt, comme à tout arrangement qui diminue la prépondérance de l’Angleterre quelque part ; et celui-là la diminuerait,