Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/312

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

séparé de l’Amour par un pays à peu près désert, étendu sur plus de 1 000 kilomètres, très accidenté, où le trafic du chemin de fer ne paierait même pas la graisse des essieux, écarté à trois jours pleins de la grande ligne océanique du tour du monde. Fousan, sur le détroit de Corée, est étroit et venteux et exigerait de très grands travaux d’appropriation.

Mais sur la côte coréenne qui fait face à Tsouchima, Ike, Nagasaki, et à l’entrée de la mer Intérieure, les magnifiques rades de Masampho (Douglas inlett), ou Nautilus, entre les îles Nautilus, Mandarin et Insult, pourraient dès maintenant recevoir et abriter parfaitement toutes les escadres qui naviguent sur le Pacifique. Le terrain n’y offre pas d’obstacles trop considérables aux ingénieurs et architectes, et la contrée en arrière est un des greniers à riz de la Corée, sans même mentionner qu’elle contient ses plus belles forêts de camphriers.

La Russie ne pourra obtenir du roi la concession de l’une de ces baies et le prolongement du Transsibérien jusqu’à elle que si les Japonais ne conservent dans le Pays du Matin Calme que la représentation diplomatique et l’escorte réglementaire de leur ministre, auxquelles ils ont droit.

Nous avons analysé plus haut les prétentions tout autres de ces derniers. Mais avoir pour la Sibérie des voisins aussi avides, aussi peu scrupuleux, aussi batailleurs et aussi envahissants, la Russie ne saurait l’accepter. Partager avec eux, serait faire un marché de dupe et courir au-devant d’un conflit.