Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

témoigne clairement qu’il ne les désire pas adopter. Nos passions le font rire ; nos usages, coutumes et manières n’excitent de sa part qu’une curiosité brève, étonnée et dédaigneuse. Il n’évite pas la rencontre du blanc, mais lui accorde juste l’attention que nous donnons à Paris aux Arabes et aux nègres.

Que nous sommes loin des imitatifs Japonais, dont la curiosité, l’indiscrétion, sont un supplice pour le blanc, qu’ils épient d’aussi près que possible, jusqu’à le singer machinalement, comme s’il était détenteur d’un secret rigoureusement caché auquel il doit sa supériorité ! Eux nous ont pris, non seulement ce que nous leur avons offert, mais aussi des institutions et engins dont nous aurions peut-être souhaité conserver le bénéfice exclusif, comme la conscription, l’inscription maritime, l’organisation militaire, les armes à répétition et à petit calibre, les cuirassés, croiseurs et torpilleurs, sans même parler de nos machines, brevets d’invention et marques de fabrique, ainsi que du surcroît prochain de notre clientèle extrême-orientale.

Les Coréens accepteront peut-être de notre civilisation les moyens d’accumuler plus d’argent et d’augmenter la somme des voluptés qu’ils connaissent. Mais ils nous laisseront pour compte toute la partie morale, qui n’est pas faite pour d’autres que des blancs. Les Japonais eux-mêmes leur ont donné l’exemple en faisant un triage. À côté de l’octroi et de l’impôt sur le revenu, ils continuent à pratiquer la vente des jeunes filles et la coexistence, sous le même