Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/284

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

répondre au comte Inouye lui-même, qui a affirmé publiquement au Japon, à la même date, « qu’il n’y aura chance d’opérer des réformes en Corée que quand les Japonais qui y sont établis auront été eux-mêmes réformés » ?

L’évêque terminait sa lettre en disant : « On doit me permettre de douter que l’exécutif d’un pays où il a si peu de pouvoir sur ses nationaux, soit qualifié pour entreprendre la tâche bien plus ardue de réformer toute une nation ».

À cette objection, dont la chute du ministère Ito a, peu de temps après, démontré toute la force, on peut ajouter que, si la révolution de Meïdji (décembre 1867) a commencé une évolution qui, en vingt-neuf ans, a fait du Japon une contrefaçon, vaille que vaille, d’État européen, on ne saurait conclure que pareille entreprise doit être couronnée de succès en Corée.

Elle rencontrerait, dans ce milieu foncièrement jaune, les obstacles irréductibles du Confucianisme et de la culture chinoise. Le premier n’a rien de commun avec le grossier paganisme shintoïste ou avec le bouddhisme. Il est, jusqu’ici, resté impénétrable aux religions et morales importées de l’étranger. La seconde est la très solide antithèse de l’esprit féodal, incarné au Japon par les samouraï dans le passé, et actuellement par les soshi. Grâce à ces différences, le Coréen n’est pas imitateur. Au lieu de s’approprier, dès le premier contact, les mœurs exotiques, comme les souples insulaires ses voisins, il