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Immédiatement après cette entrevue, le comte Inouye repartit pour Tokyo.

Pendant ce temps, le gouvernement mikadonal essayait de dégager définitivement sa responsabilité.


Tactique du gouvernement et de la presse au Japon. — La nouvelle de l’assassinat de la Reine était administrée peu à peu, à petites doses, aux étrangers. La première mention, dans le Japan Mail, fui insinuée en trois lignes, perdues au bas d’une page d’annonces, et d’informations diverses. Il fallait chercher des nouvelles de Corée pour s’arrêter là, sur le mot « Korea ».

« La Corée est de nouveau grandement troublée. Le Taï-ouen-koun a envahi le Palais à la tête d’une bande de soldats licenciés. La Reine a disparu et on raconte qu’elle a été tuée. »

Rien de plus adroit. Le premier soupçon était jeté, et sur un homme coutumier de conspirations et d’attentats sans scrupules… Inutile de s’expliquer nettement sur ces soldats licenciés. Le nom seul du vieux conspirateur de 1884 et 1894 éclairait suffisamment toute l’histoire.

Et comme l’orchestre était discipliné !

Avec une apparente incohérence, les journaux japonais brodèrent des variations, mais sur ce même et unique thème. Chacun eut une version particulière du drame, faite de on-dit habilement contradictoires, dont tous se gardèrent bien d’harmoniser les disparates. Un seul point était acquis pour tous et indiscuté : le coupable était le Taï-ouen-koun. Alors,