Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cerveau, les yeux petits, très noirs et bridés, recouverts de paupières lourdes plissées en persiennes, le comte Inouye avait plus la physionomie d’un Kalmouk que d’un Japonais. Une expression de ruse et de froide insensibilité démentait sur ses joues semées des touffes raides d’une barbe rare et mal plantée la bénignité doucereuse, sournoise qui éclairait d’un sourire sinistre son visage défiguré par des cicatrices de variole et des coutures de coups de sabre.

« J’étais tout prêt en arrivant, me dit-il. On me connaissait bien depuis 1883. On savait que je venais réaliser la grande mission civilisatrice que le Japon peut seul remplir en Corée, et j’étais résigné d’avance à faire le bien de ce malheureux pays, à le sauver, même malgré lui, même en le faisant cruellement souffrir. C’est une des tristesses imposées au médecin. Mais il s’en console, comme vous savez, en pensant au beau rôle qu’il joue.

« J’ai immédiatement soumis à Sa Majesté Li-Hsi le document que voici. Ce sont mes vingt suggestions. » Et prenant un petit cahier sur sa table il lut :

« Les vingt suggestions du comte Inouye :

« Afin que l’indépendance de la Corée puisse être fermement établie et le pays affranchi du vasselage de la Chine, les articles de réforme suivants sont de première importance.

I. — Le pouvoir politique devrait émaner d’une seule source. Sa Majesté devrait contrôler le gouvernement, approuver et décider en personne tous les ordres et tous less règlements. Mais, si quelque per-