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Un pauvre ne pouvait aspirer à aucun emploi important ; tous étaient réservés aux grands et à leurs parents.


Dans l’armée, les places étaient peu nombreuses. Le Roi ne pouvait entretenir sur pied plus de 3 000 soldats ; et, même en multipliant les grades, il n’aurait pu satisfaire un très grand nombre de postulants, attendu que ces troupes n’allant jamais au feu, que pour réprimer des émeutes, n’avaient besoin ni de rajeunir ni de renouveler souvent leurs cadres et leur état-major. D’ailleurs, en Corée comme en Chine, les mandarins militaires étaient les derniers de la hiérarchie ; les piliers de tripots, de fumeries d’opium, les repris de justice seuls endossaient l’uniforme des soldats, et les Coréens tenaient, comme les Chinois, qu’« on ne fait pas plus un clou d’un bon morceau de fer qu’un soldat d’un honnête homme ».

Dans l’ordre civil au contraire, les fonctionnaires pullulaient « comme les mouches dans une bergerie l’été ».

Le pays était divisé en 8 provinces, subdivisées elles-mêmes en 322 préfectures, toutes provinces et préfectures pourvues de gouverneurs cumulant les pouvoirs civil, administratif et judiciaire.

Autour de chacun de ces dignitaires, on comptait les offices par centaines ! À Phyong-An, par exemple, qui peut servir de type, on comptait 44 offices divers dont les chefs avaient 400 subordonnés chacun. Cela donne 17 000 fonctionnaires pour une seule province,