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du Japon. Le concubinage est légal et toutes les femmes l’acceptent comme au Japon, ce qui n’empêche d’ailleurs ni les adultères, ni les divorces, ni même les drames dus à la jalousie ou à d’autres chagrins d’amour.


À tous ces traits humains, la Corée joint un amour immodéré du fonctionnarisme. Ce goût dangereux et dispendieux a produit les deux ordres : le civil et le militaire (yang ban ou nyang pan). Leurs membres ont le privilège nobiliaire de ne pouvoir être arrêtés que sur ordre du roi ou du gouverneur de la province ; et d’être exempts de tout châtiment corporel, sauf pour crime de haute trahison. Ils peuvent punir sur-le-champ un manque de respect d’un « hanin » (non noble) : mais il leur est interdit de travailler pour vivre, autrement qu’en étant fonctionnaires ou membres de l’enseignement. Ils fourmillent littéralement. On peut, sans exagérer, évaluer leur nombre au dixième de la population. Ce détail seul explique en partie l’état social, l’isolement, la profonde misère et la décadence de la Corée.


Esprit d’association. Les ghildes. — Cependant, à côté de tant de critiques, dont j’ai moi-même vérifié l’exactitude, et de tant d’infirmités sociales et individuelles, il faut citer un trait qui n’est pas spécial aux Coréens parmi les peuples jaunes, mais qu’on ne retrouve pas identique ailleurs. Ils ont au plus haut degré l’aptitude à l’association, et appliquent cette