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Vie des rues. Oisiveté. Vices. — Les hommes, au moins dans la classe aisée, passent leurs journées à jaser chez eux ou dans les rues, ou sur les remparts, ou dans un des innombrables restaurants signalés par un panier d’osier long au bout d’une perche, et dont on voit, de la rue, frire dans des bassines, les petits pâtés à la viande, les poissons, ou rôtir sur des tiges de métal, les petits morceaux carrés de bœuf ou d’autre bête. Il y a également beaucoup de cabarets, et j’ai pu m’assurer, de visu, que les Coréens méritent leur réputation de gourmands et de buveurs. J’ai observé, au débouché de certaines allées, des dandinements et des incertitudes qui n’étaient imputables ni aux inégalités du pavé, ni à quelque tremblement de terre. Du reste, personne n’y faisait attention. D’autres fois, le joyeux vivant roulait bord sur bord, juché sur un tout petit poney ou bourriquet, ses jambes traînant presque à terre, malgré l’exhaussement que lui donnait la haute selle de bois nationale qui l’encastrait comme une gaine.

Aussi, dans cette population paresseuse, les vices de toute nature fleurissent et fructifient. Malgré la réclusion des femmes, la dissolution des mœurs est complète. On vend publiquement, dans les rues, des objets qui ne laissent aucun doute à cet égard. La prostituée n’est nullement notée d’infamie. Les plus jolies sont les « Pyng yan girls » ou danseuses du roi, au moins aussi prisées et enviées que les « gaisha »