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possible, aujourd’hui, de réparer solidement, en matériaux analogues, une partie ruinée des anciens remparts.

La nuit, aucun service public n’éclaire ce dangereux labyrinthe, si la lune n’y pourvoit. Aussi, les Coréens bornent-ils leur flânerie au pas de leur porte ou à son voisinage immédiat. Ils ne s’aventurent loin qu’en cas de nécessité et se munissent alors de grosses lanternes de papier, toutes rondes, qu’ils portent pendues à de flexibles tigelles de bambou. Sur leurs silhouettes blanches, le balancement de la marche promène en brusques et capricieux zigzags, comme le feu follet d’un farfadet, le faisceau lumineux qui ondule du même mouvement devant eux. Ils évoquent aussitôt toutes les vieilles terreurs paysannes : les loups-garous, les Korigans des landes bretonnes, dans l’imprécision des lignes de ce décor où les toitures ternes, presque couleur de terre, allongent, dans l’obscurité, les tumuli bombés d’un colossal cimetière.

Pendant mon séjour à Séoul, j’ai pu prendre chaque soir cette impression en revenant de chez M. Lefèvre au consulat de France, derrière la bulle de lumière insoucieusement ballottée au bout du bras du grand et lourd Kisso (à la fois portier, appariteur et Kairas du commissaire-consul).