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sur deux gros supports qui calent en moyenne 30 centimètres de boue. C’est le modèle, mais, tout, à fait pratique, des « getas » des Japonais qui elles ne garantissent aucunement le pied de l’humidité et du froid. Cela n’empêche pas d’ailleurs leurs propriétaires de les porter ici,… quand ils ne préfèrent pas marcher pieds nus.

Pourtant c’est un problème. Les rues de Séoul sont toutes, et toute la journée, pleines de passants ou de flâneurs ; aucun soupçon de cailloutage ou de pavage, même avec des briques. Le terrain, formé d’un granit pulvérulent, broyé constamment par les pilons qui supportent les sabots, est matelassé d’une épaisse couche de poussière, que personne ne songe à diminuer, et qu’enrichissent, au contraire, quotidiennement, tous les poneys, baudets, bœufs qui y passent par centaines. À la moindre pluie, les voies deviennent des fondrières pestilentielles. Au dégel, quand la neige, en fondant, laisse à découvert tous les résidus de vie organique insouciamment jetés hors des maisons, les rues les plus pauvres deviennent des foyers d’infection et même d’épidémie. L’été, malgré la lourdeur de la poussière, le moindre vent roule les particules terreuses en tourbillons qui rendent la marche impraticable.

Heureusement pour moi, j’arrivais au moment du dégel. En me bouchant soigneusement le nez, en restant à cheval et en laissant ma bête, habituée probablement de vieille date, pousser doucement du nez les gens qui ne l’entendaient pas patauger dans la fange