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Rien de pareil pourtant. La cour, élargie par le silence et la solitude, est traversée par un lit de ruisseau dont quelques grands arbres et buissons retiennent les berges terreuses. Un pont de marbre à parapets massifs ajourés l’enjambe de ses dalles. À gauche, un mur troué d’une brèche. Par là sort du parc, dont on voit les panaches, le ruisseau descendu du Pouk-han, qui traverse ensuite toute la ville. À droite, la porte monumentale, chargeant de sa double toiture une colonnade de piliers de bois. Accotée d’un haut chêne, au faîte ponctué d’un nid de pies, elle a vraiment de l’allure. Au fond, un autre mur, percé d’une nouvelle porte de ferme…

Entrons ! Mais survient Cerbère. Il a les pantalons trop courts, la veste de Berluron et le feutre à chenille rouge des soldats coréens. Il crie : Ta-hin ! Ta-hin ! (Monsieur ! Monsieur !) et je ne sais quoi ensuite, avec force gestes. Un yen, deux yen, en argent, pas en papier, fourrés dans sa poche, le calment un peu. Il me suit en grommelant. Il me laisse photographier la première cour, arriver même au seuil de la seconde, et en prendre un instantané. Mais il se jette devant moi dès que j’avance le pied pour passer outre. Il refuse même un nouveau yen. Sa complaisance est épuisée. Il se frappe le cou de la main en montrant le Palais Neuf… Je comprends et je sors après un dernier coup d’œil aux fenêtres et portes treillissées, pointes en vert, dont le papier flotte en lambeaux graisseux et sordides hors des trous derrière lesquels on devine, au lieu des yeux noirs d’une