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il a laissé des pierres de taille, parce qu’il faudrait prendre trop de peine pour les renverser. Autrement, la population, insoucieuse, enfoncée dans des préoccupations uniquement matérielles, ne lui accorde même pas la piété du souvenir et de la conservation.


§ I. — Le Palais Vieux.


Le Palais Vieux est presque noyé dans les cahutes lépreuses qui l’entourent, à peine isolé par un chemin de ronde étroit comme une venelle. On ne le reconnaît qu’aux panaches verts des pins-pyramides de son parc et à la porte monumentale qui paraît barrer une énorme avenue large de plus de 80 mètres et longue d’un demi-kilomètre, branchée à angle droit sur la grande artère ouest-est de Séoul.

Cette porte a dû être belle quand elle était en bon état. Les proportions des montants, des battants, du tympan sculpté, s’harmonisent avec celles de la toiture à deux étages qui, par extraordinaire, n’alourdit pas trop l’ensemble. Seulement les larges ferrures rongées par la rouille, chevauchées de clous mal plantés ou à demi arrachés, se perdent aujourd’hui dans la peinture rouge éraillée des panneaux ; les montants ne posent plus sur les dés de pierre qu’une pointe de leurs pieds dégradés ; de longs éclats ont été arrachés aux planches des battants, et toutes ces lézardes bâillent l’ennui de l’espace vide qu’on aperçoit au travers. Les poutrelles de la toiture, croisées