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À l’ouest et au sud, le Nam-Kok-San ou Nam-San fait pendant au Pouk-han grâce à l’obliquité nette des arêtes qui le dressent en pyramide. Heureusement, il est « tabou » et personne ne s’aviserait de transformer en bois de grume ou en bourrées les colonnettes orangées ou jaunes des pins qui le couvrent de la base au faîte.

C’est un paysage japonais, un immense Kakemono, qu’un à-propos bizarre dresse au-dessus du quartier nippon de Tchikkokaï.

Pendant cette revue, l’œil s’est habitué à l’impression lilas sur lilas du fond de cette colossale cuvette, large d’au moins 6 kilomètres. Il en dégage peu à peu quelques ensembles partiels. Des toitures denses, aucune ne dépassant sensiblement le niveau commun, sont étroitement blotties l’une contre l’autre. La servitude des esprits et des corps a passé son joug sur tous ces chaumes pales, bombés en carapaces, maintenus par des cordes de paille, en souvenir de la « yourte » qui en a été le modèle. Ils gisent, tapis comme les moutons autour du berger, satisfaits de la part de soleil et d’air libre qui leur a été laissée.

Quelques lignes noires, capricieuses, tranchant sur le ton clair des entours figurent les rues importantes ! De loin en loin, quelques buttes émergent, comme les petits rochers disposés par les Japonais dans les minuscules pièces d’eau de leurs jardins. Sur l’une, près de Tchikkokaï, un cube de briques rouges et la dentelure d’une bâtisse en train derrière les poteaux d’un échafaudage : c’est l’Évêché, la Mission et la