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Au nord-est, un haut cône escarpe une pente presque géométrique hérissée de pins qui l’égaient des bandes noires et violacées de leurs cimes et de leurs troncs. Sa crête nue dessine plusieurs plans en retrait, enfermant des vallons frais et délicieusement boisés, comme je l’ai su depuis, dont l’un cache un monastère célèbre. Les moines, soldats à l’occasion, ont plusieurs fois recueilli les rois de Corée pendant des révoltes et des émeutes. C’est le San-Kak-San, Pouk-San ou Pouk-han (900 mètres), compris dans l’enceinte des palais Neuf et Vieux, qui élèvent à son pied leurs toitures, aux coins retroussés à la chinoise, assombries dans leur perspective lointaine, mais d’un galbe haut et superbe au milieu des masses mouvantes de bouquets d’arbres noirs.

Droit en face, au nord et à l’est, des rocs « sourcilleux », dirait un classique, étagent en barrière qui paraît perpendiculaire leurs blocs ennoblis par la patine séculaire des vents, des brouillards, des neiges et des pluies. Pas une broderie d’arbres, de buissons ou de broussailles. Mais, tout en haut, une dentelure continue, très surprenante. C’est le mur de la ville qui escalade on ne sait pourquoi cette rampe haute de 1130 pieds, en longeant une longue surface uniformément déclive, absolument nue, sauf deux ou trois pins qui donnent la note morne de la solitude et de l’ennui, et ne déparent pas ce fond de ruine cyclopéenne. C’est la « Crête de Coq », au pied opposé de laquelle est creusée la gorge étroite de la route de Pékin.