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LA VIE AU JAPON.

rire toute l’assistance… Rien ne peut donner une idée de la vivacité des gestes, des rires bruyants, et du feu roulant des paroles de ces danseuses s’agitant à la lueur de belles lanternes de couleur et aux sons d’une belle musique. »

Voilà un récit et des descriptions qui nous donneraient envie d’abandonner les eaux des Pyrénées pour celles du Fousi Yama, si la course était moins longue.

Les villes et les lieux champêtres où les citadins vont soigner leur santé en délassant leur esprit, ne sont pas tout dans un pays, et ne renferment même que la partie la moins nombreuse de sa population. Le reste vit dans les champs qu’il cultive, et l’on n’a qu’une idée fort incomplète d’une nation quand on n’a pas étudié les habitants de ses campagnes.

Les paysans forment au Japon la partie la plus nombreuse de la population et aussi, d’après ceux des voyageurs qui ont pu les étudier, la partie la plus laborieuse, la plus énergique et la plus morale, enfin la meilleure à tous les points de vue.

Les villages japonais sont généralement fort propres et fort bien tenus. M. Bousquet, qui a beaucoup voyagé dans l’intérieur du pays et qui était à même de bien voir, fait un grand éloge des paysans du Niphon, surtout de ceux des districts où l’on élève les vers à soie, et il ne signale comme mal entretenus et malpropres que quelques hameaux de pêcheurs dans les environs de Nagoya. Selon plusieurs voyageurs, les paysans japonais jouiraient depuis de longues années de libertés municipales assez étendues, et leurs municipalités, ou du moins les autorités qui jouent chez eux le même rôle que chez nous les maires et les adjoints, seraient nommées à l’élection.

À l’entrée de chaque village, sur la route qui le traverse, se trouve une sorte de loge, assez semblable à une loge de théâtre, dans laquelle est installé un fonctionnaire qui rend de grands services au gouvernement et aux voyageurs, à ceux du moins qui n’ont pas intérêt à cacher leurs démarches ; il prend les noms des personnes étrangères à la localité qui