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LE JAPON.

eux travaille, comme nos pompiers européens, à abattre les murailles là où l’on croit pouvoir couper le feu ; les autres manœuvrent des pompes primitives qui lancent de trop minces filets d’eau. M. Bousquet a admiré en plus d’une occasion le courage de ces braves gens.

Dès que le feu est éteint faute d’aliments, les propriétaires des quartiers incendiés reviennent, cherchent l’endroit où fut leur demeure et reconstruisent gaiement leurs maisons, en attendant qu’un nouveau sinistre les anéantisse une fois de plus.

On peut se demander si les tremblements de terre feraient plus de mal que ces perpétuels incendies, et s’il ne vaut pas mieux s’exposer à être écrasé tous les vingt ans que rôti tous les trois mois.

C’est une question à étudier. On va, du reste, bientôt comparer les avantages et les inconvénients de nos maisons de pierre avec ceux des maisons de bois ; car les Européens, ne pouvant s’habituer aux « immeubles » de papier des Japonais, se font bâtir sur ce sol tremblant des habitations particulières, des magasins et des entrepôts en pierre ou en brique, absolument comme à Londres ou à Paris. Le gouvernement japonais, séduit par leur audace, les imite ; pour la plupart des établissements publics qu’il fait construire en ce moment, il adopte les mêmes plans et emploie les mêmes matériaux que les architectes européens. Nous verrons comment ces monuments de pierre supporteront l’épreuve de la première convulsion violente qui secouera le sol volcanique du Niphon.

Les faubourgs des grandes villes du Japon sont, comme ceux de nos capitales européennes, en partie abandonnés à la culture, en partie occupés par des établissements où les citadins viennent chercher l’air, le repos et les distractions. Les « maisons de thé », qui représentent nos cafés, nos cabarets et nos restaurants, y abondent ; on y voit aussi beaucoup d’habitations particulières ; les unes et les autres ont presque toutes